vendredi 17 février 2012

Aujourd’hui je suis allé à un mariage.



Lundi 13 - Mardi 14 février.

Cela faisait plus d’un mois que je le savais puisque j’avais reçu mon carton d’invitation. Tout en Thaï bien sur. Heureusement que la date était écrite en chiffre romain. Bref je me suis donc rendu avec Somiot au mariage de Fodo dans le village de Maéwé Klo, le premier village chrétien (dont je vous raconterai l’histoire passionnante plus tard). J’ai rencontré Fodo au centre courant mois de décembre. Il est venu habiter quelques jours à la maison justement pour se préparer à cet heureux évènement.
Ce n’est pas le premier mariage auxquels je vais assister. J’ai déjà été invité au village chez des gens dont je ne connais même pas le nom, et juste pour manger. Mais vous allez voir que le repas tient une place importante, et ce n’est pas plus mal.
Nous arrivons à Maéwé, village perdu dans la jungle en fin d’après midi, vers 15h30 (ici on mange à 18h, après plus de lumière si on n’a pas l’électricité). Le temps de s’installer dans la maison familiale de Somiot et nous partons visiter le futur marié. Il est déjà occupé à manger. A peine ai-je le temps de dire bonjour à 2, 3 têtes inconnues mais sympathiques, et je me retrouve avec un verre de whisky karen dans les mains, que je dois boire, pardonnez l’expression, « cul-sec », car nous sommes déjà invités à aller manger dans la maison de la marié. J’y retrouve un ami karen et 3 personnes complètement saoules avec qui j’arrive à éviter la tournée de bière-whisky. Nous repartons ensuite dans la maison de Somiot où il nous faut bien sur manger. Je fais la connaissance de la famille du marié tout juste arrivée puis de ces amis de son village d’origine. Il faut savoir que je vie dans une société matriarcale. C’est la femme qui fait la demande en mariage et l’homme vient habiter chez elle. Mesdemoiselles les féministes doivent être contente, attends je vous prépare autre chose.
Puis entre de grain de riz, le village profite de la présence du père pour célébrer la messe du jour. Ensuite, c’est la fête : repas, bière… Tout d’abords près et dans la maison de la mariée, puis dans la maison du marié, et comme il vient d’un autre village, dans la maison qui l’accueille… celle où je dors bien sûr, enfin où j’aurais dû dormir. Toute la soirée est accompagnée de tambour, cymbales et des chants karens. Chant que l’on peut comparer à une sorte de psalmodie qui dure un peu sur la dernière note.
C’est donc après une bonne nuit de sommeil que je suis réveillé par l’égorgement de non pas 1, ni 2 mais 3 cochons entre 04h30 et 6h00. En tout, 9 vont y passer, plus une vache. Il faut savoir que le cochon est vraiment tué que pour les grandes occasions.
La messe à lieu à 7h30. Au son du gong qui annonce le début de la cérémonie. Chaque famille accompagne le/la marié/e depuis les deux maisons, en formant un cortège et en chantant. Les deux cortèges se rejoignent un peu plus loin pour arriver ensemble devant l’église. La cérémonie a lieu au cours de la messe. Tout est très simple (et plutôt silencieux, avec la nuit que l’on vient de passer ça se comprend). Le marié est en tenue traditionnelle. La mariée en tenue de JEUNE FILLE traditionnelle. 

- Petite parenthèse pour ceux et celles qui se battent pour faire disparaitre tout les signes distinguant la jeune fille de la femme mariée, comme le titre de Demoiselle, pour ne citer que lui. Sachez que dans cette société matriarcale, où la famille est la famille de «  Madame », où le chef de famille est « une chef de famille », où c’est la femme qui tient le porte-monnaie (bon ça, ça ne change pas), bref la société parfaite diriez vous,  il y a une tenue spécifique pour les jeunes filles, et une tenue spécifique pour les femmes mariées, et un mot pour désigner une jeune fille. Fin de la parenthèse, mesdemoiselles. -

A la fin de la cérémonie, la mariée va se changer aidée de sa témoin, qui est, en général, la « prochaine sur la liste », pour revêtir l’habit de femme mariée.
Puis dans la maison de la mariée les invités passent tour à tour pour remercier le couple, lui souhaiter tout plein de bonheur, et discrètement passer dans une enveloppe, ou pas, une petite aide pour le mariage et la vie qu’ils débutent. Ensuite, l’on mange (encore) et boit jusqu’à épuisement des stocks.
Voila comment je me suis fait facilement 5 repas entre 6h30 et 13h.

Voila pour ceux qui prépareraient un éventuel mariage, ne vous tracassez pas tant que ça, plus y’a de riz plus on rit. Je ne vise personne… ou presque. Des photos bientôt !

Yè miz le Tchowa do le TchoTotè.



Comment se passe l’intégration chez les Karens. Mise à part l’intégration grâce au football, et ma fête de bienvenue j’ai reçu un prénom karen et même un surnom.

Un après midi, un samedi même, alors que je remontais du jardin, SOPe (Djo Pè), le professeur d’agriculture me présente un cathéchiste, celui de Poblaki, un village vraiment perdu au dessus de chez moi. Et l’une des premières phrases qu’il me dit est : « namEBliSowa» (Naz miz le TchoWa). « Tu t’appelle TchoWa ». Voila la manière toute simple dont j’ai reçu mon prénom. Depuis ce jour, on ne m’appelle plus que comme ça.

Littéralement cela veut dire le grand frère Blanc. En effet, chaque personne plus jeune que moi m’appellera obligatoirement So, qui veut dire le frère ainé. Pour les demoiselles, c’est la même chose, où le prénom commencera par noI (Nauj). Ensuite le wa, je ne vous cacherais pas que c’est à cause de ma peau. Quel horreur, ils font une différence au niveau de la couleur de la peau, mais quelle bande de barbare !!! Ne vous inquiétez pas pour savoir qui gagnera le procès car aussi étonnant que cela soit, je n’en ai pas fait. Il n’y a vraiment que dans nos sociétés où certains peuvent se complaire de ce genre de problème.

Aujourd’hui, jeudi 9 février, je suis assis sur la terrasse du bâtiment principal du centre, en train de déguster des bananes et des fèves avec SOPe, et SodEHv,  (Djo Dissou, le chauffeur du Pado). Au détour d’une bonne partie de rigolade, SOPe me regarde et me dis : «  ton surnom c’est Sototef, Djo Totè, okay ? » Le totef, dont je ne suis pas sur de l’écriture, étant ce genre d’énorme gecko vous pouvez voir une photo dans la bannière du blog et qui tient son nom du cri qu’il lance.

Mais pourquoi se surnom. C’est apparemment en rapport avec la façon que j’ai de faire systématiquement rire les enfants, qui hésitent entre la crainte et le rire. Je n’irai pas chercher à comprendre, et prendrais juste ça comme un compliment.

Voila comment j’ai reçu un prénom est un surnom Karen. 

jeudi 9 février 2012

Balade en jungle et Bo Klo 2/2


Le Bo Klo, mais qu’est ce donc ? Après vous avoir laissez patienter un peu je vais vous faire un peu saliver. Oui, le Bo Klo se mange, et devinais à base de quoi il est fait. Non pas de bambou, ça ne se mange pas, quoique… Non, pour faire original, c’est quelque chose classé dans les gâteaux, et à base de … (suspense) …. (re suspense) … (un dernier pour le fun : suspense)… RIZ !! Oui ce petit grain qui peut en faire perdre plus d’un aux volontaires MEP habitants ces pays sympathiques où les gens ont décidé de le mettre à toutes les sauces.
Un gâteau donc. Comme vous le savez, le bambou (wF , wa en montant sur « le a », mais ici on va s’en servir pour manger alors si j’ai bien compris, c’est bo, bo) est creux (si, si j’ai vérifié). La veille, ou le matin, je ne sais plus très bien, avait été préparé, une marmite de riz cru, baignant dans l’eau, mélangé avec ce que je décrirais comme de gros haricots rouges sucrés, infectes crus, potables cuits.
Cette mixture est donc rajouté dans les bambous, jusqu’à le remplir. On y rajoute alors du jus de noix de coco et on ferme avec des feuilles de bananiers. Qui a parlé de plastique ?
Et les grandes feuilles de palmiers ramassées avec le bambou ? Ne vous inquiétez pas nous allons encore manger. Avec un habile coup de main, faite un cône avec votre longue feuille élancée (un jeu d’enfant diriez vous, ne vous méprenez pas, point du tout, c’est même plutôt pas évident, ou bien je ne suis pas doué de mes 10 doigts, … no comment), et remplissez le de riz (ça manquait un peu). Puis tout aussi habilement, fermez-le avec le restant de la feuille formant le cône. Bref, débrouillez vous.
La marmite remplie de ces petits paquets de cônes, peut être mise sur le feu. Le soir nous faisons un feu dans le jardin, et nous mettons les bambous dedans. Le but étant bien sur de faire cuire le riz. Cela fait au résultat, un bambou (nettoyé des cendres et des couches carbonisés,  tout ça à la machette bien sur), qu’il ne vous reste qu’à éplucher tel une banane (tikWEHF, tekouissa, la banane) et manger le riz, gluant, qui s’y trouve.
Pareillement pour les petits cônes, cuit à la vapeur, le riz devient gluant et se mange comme un gâteau.

De quoi caler son Karen, et son volontaire en même temps. Je ne pense pas qu’à manger mais certaines personnes lisant ce blog, et qui se reconnaitront, comprendront le clin d’œil. Gâteaux de Noël tout l’après midi durant, bouffe, 5ème, 6ème, thé, chocolat. Quelques mots clefs pour se reconnaitre.

J’ai survécu à la jungle et j'ai mangé, si elle est pas belle la vie !

petit cône de feuille
l'art et la machette

Du riz du riz :-)



jeudi 2 février 2012

Balade en jungle et Bo Klo 1/2


Samedi 28 janvier. Les enfants n’ont pas cours, et exceptionnellement, Somiot, un des professeurs et responsables du centre, n’a pas cours. D’habitude il continue ces études à l’université avec un emploie du temps aménagé, qui lui permet de n’avoir cours que le samedi et dimanche. Une formule appréciée de toute une génération de nouveaux catéchistes, instituteurs des écoles de montagne. C’est donc l’occasion de faire une activité ensemble.
Nous partons donc dans la jungle voisine (en sortant du jardin en fait), pour aller ramasser des bambous et des longues feuilles de palmiers (où un arbre ressemblant). L’occasion de traverser une rivière (mes bateaux vont biens), de monter dans la jungle, de redescendre ensuite, bref une balade logique. Je ne donnerai pas de nom, mais la personne qui m’a dessiné dans la jungle ne s’est pas trompée. Sur le chef d’œuvre on me voyait aventurier, me battant avec les lianes, et les hautes herbes, attendu par une plante des plus sympathiques (priez pour nous …), et une bête sauvage. Et en effet, les lianes et hautes herbes étaient bien là, les plantes appréciables aussi, avec des épines de facilement 10 centimètres de longs sur tout le tronc et toutes les branches, ne laissant si vous souhaiter vous y rattraper lors d’une chute, que quelques centimètres entre chaque lances.
La bête sauvage, je ne l’ai pas croisé, mais ne vous y tromper pas, elle était bien là, plus ou moins grosse, mais tout aussi coriace et enduite de mauvaises intentions (une vraie méchante).
Une fois nos bambous coupés, nous redescendons vers le centre. J’imagine vos têtes se demandant ce que nous allons faire de ces bambous. En fait, ces bambous et feuilles de palmiers sont là pour faire du Bo Klo. Episode à suivre




C'est par là

Nos amis les arbres ...

Ponouaypou

Lékeuti


L’autre jour, nous sommes partis, les professeurs et responsables du centre, visiter l’ancien de la région (un des premiers chrétiens, dont j’aime vous parler) Pu (HPeu). En effet, ce dernier a décidé de réserver une parcelle de sa rizière à la culture de végétaux autres que le riz. Nous sommes donc partis à 4 en mobylettes jusqu’à un village plus reculé dans la montagne, à une vingtaine de minutes en 2 roues : Lékeuti. Le voyage permet de profiter de paysage superbe et d’un bain de poussière gratuit. Il est 8h25, une bonne journée qui commence.
Arrivée sur place nous traversons le village, pour rejoindre les rizières où Pu est déjà au travail. Il nous faut ensuite traverser, un « pont », mélange d’un tronc d’arbre tombé, de branches d’un autre, de planches et de bambous. De quoi se sentir très fier, une fois l’épreuve réussie.
Les rizières sont vertes, non pas de riz mais de maïs en ce moment, encore jeune. C’est magnifique ces superpositions de parcelles vertes, parfois accompagnées d’un abri fait de feuilles et de bambous. Nous remontons la rivière sur une centaine de mètre pour trouver la parcelle de Pu. Et là c’est avec étonnement que je découvre, en plus des légumes habituellement cultivés ici, des carottes, courgettes, aubergines, pommes de terre, radis et j’en oublis sans doute. Le potager est magnifique. Les graines ont été fournies par une ancienne volontaire qui s’est liée d’une belle amitié avec notre hôte.
Nous profitons de cette visite pour échanger sur la préparation d’un terrain pour faire pousser ce genre de végétaux. Payao, le professeur d’agriculture du centre lui à apporter de nouvelles graines, et nous commençons donc le cours. Ce beau potager est un bel exemple de ce que l’ont peut apprendre dans notre centre, et nous servira pour développer des sessions de formations courtes pour adultes.
Cette petite escapade me permet de pourvoir prendre de la hauteur et d’avoir d’autres points de vue pour vous dire qu’ici, c’est toujours aussi beau.

Rizière de Maïs
Récolte
Regard sur le travail de la journée


Le "Pont"