Lundi 13 - Mardi 14 février.
Cela faisait plus d’un mois que
je le savais puisque j’avais reçu mon carton d’invitation. Tout en Thaï bien
sur. Heureusement que la date était écrite en chiffre romain. Bref je me suis
donc rendu avec Somiot au mariage de Fodo dans le village de Maéwé Klo, le
premier village chrétien (dont je vous raconterai l’histoire passionnante plus
tard). J’ai rencontré Fodo au centre courant mois de décembre. Il est venu
habiter quelques jours à la maison justement pour se préparer à cet heureux
évènement.
Ce n’est pas le premier mariage
auxquels je vais assister. J’ai déjà été invité au village chez des gens dont
je ne connais même pas le nom, et juste pour manger. Mais vous allez voir que
le repas tient une place importante, et ce n’est pas plus mal.
Nous arrivons à Maéwé, village
perdu dans la jungle en fin d’après midi, vers 15h30 (ici on mange à 18h, après
plus de lumière si on n’a pas l’électricité). Le temps de s’installer dans la
maison familiale de Somiot et nous partons visiter le futur marié. Il est déjà occupé
à manger. A peine ai-je le temps de dire bonjour à 2, 3 têtes inconnues mais
sympathiques, et je me retrouve avec un verre de whisky karen dans les mains,
que je dois boire, pardonnez l’expression, « cul-sec », car nous
sommes déjà invités à aller manger dans la maison de la marié. J’y retrouve un
ami karen et 3 personnes complètement saoules avec qui j’arrive à éviter la
tournée de bière-whisky. Nous repartons ensuite dans la maison de Somiot où il
nous faut bien sur manger. Je fais la connaissance de la famille du marié tout
juste arrivée puis de ces amis de son village d’origine. Il faut savoir que je
vie dans une société matriarcale. C’est la femme qui fait la demande en mariage
et l’homme vient habiter chez elle. Mesdemoiselles les féministes doivent être
contente, attends je vous prépare autre chose.
Puis entre de grain de riz, le
village profite de la présence du père pour célébrer la messe du jour. Ensuite,
c’est la fête : repas, bière… Tout d’abords près et dans la maison de la
mariée, puis dans la maison du marié, et comme il vient d’un autre village,
dans la maison qui l’accueille… celle où je dors bien sûr, enfin où j’aurais dû
dormir. Toute la soirée est accompagnée de tambour, cymbales et des chants
karens. Chant que l’on peut comparer à une sorte de psalmodie qui dure un peu
sur la dernière note.
C’est donc après une bonne nuit
de sommeil que je suis réveillé par l’égorgement de non pas 1, ni 2 mais 3
cochons entre 04h30 et 6h00. En tout, 9 vont y passer, plus une vache. Il faut
savoir que le cochon est vraiment tué que pour les grandes occasions.
La messe à lieu à 7h30. Au son du
gong qui annonce le début de la cérémonie. Chaque famille accompagne le/la
marié/e depuis les deux maisons, en formant un cortège et en chantant. Les deux
cortèges se rejoignent un peu plus loin pour arriver ensemble devant l’église.
La cérémonie a lieu au cours de la messe. Tout est très simple (et plutôt
silencieux, avec la nuit que l’on vient de passer ça se comprend). Le marié est
en tenue traditionnelle. La mariée en tenue de JEUNE FILLE traditionnelle.
- Petite parenthèse pour ceux et celles qui se battent pour faire disparaitre
tout les signes distinguant la jeune fille de la femme mariée, comme le titre
de Demoiselle, pour ne citer que lui. Sachez que dans cette société matriarcale,
où la famille est la famille de « Madame », où le chef de
famille est « une chef de famille », où c’est la femme qui tient le
porte-monnaie (bon ça, ça ne change pas), bref la société parfaite diriez vous, il y a une tenue spécifique pour les jeunes
filles, et une tenue spécifique pour les femmes mariées, et un mot pour
désigner une jeune fille. Fin de la parenthèse, mesdemoiselles. -
A la fin de la cérémonie, la
mariée va se changer aidée de sa témoin, qui est, en général, la
« prochaine sur la liste », pour revêtir l’habit de femme mariée.
Puis dans la maison de la mariée
les invités passent tour à tour pour remercier le couple, lui souhaiter tout
plein de bonheur, et discrètement passer dans une enveloppe, ou pas, une petite
aide pour le mariage et la vie qu’ils débutent. Ensuite, l’on mange (encore) et
boit jusqu’à épuisement des stocks.
Voila comment je me suis fait
facilement 5 repas entre 6h30 et 13h.
Voila pour ceux qui prépareraient
un éventuel mariage, ne vous tracassez pas tant que ça, plus y’a de riz plus on
rit. Je ne vise personne… ou presque. Des photos bientôt !